"Je m’appelle Milena, j’ai 24 ans et je suis accompagnée par Eugène, mon chien d’assistance en formation depuis novembre 2019. Il a actuellement 19 mois et il finit sa formation cette année. Eugène est formé pour m’aider au quotidien sur des tâches qui pallient mon autisme, et aussi mes difficultés physiques liées à une maladie du tissu conjonctif. Sa tâche principale est le guidage, car j’ai de gros soucis de traitement de l’information sensorielle, je suis extrêmement éblouie par la lumière et même avec des lunettes de soleil puissantes mes déplacements en ville sont très difficiles et coûteux en énergie. Eugène est un gage de sécurité dans ces situations. Il fait aussi de la réponse aux crises, et il apprend actuellement l’alerte olfactive ! Il apprend aussi en ce moment des mots précis pour le rapport d’objet : lunettes, Ventoline, bouchons,… L’aide d’Eugène est considérable et me permet de gagner en autonomie et en sécurité. Eugène n’est pas du tout un chien d’éveil ou « d’aide à l’insertion sociale », c’est un chien d’assistance et non un thérapeute. L’objectif d’AUTICEA est bien évidemment de former des chiens pour aider d’autres personnes autistes comme moi, mais aussi de sensibiliser le grand public et les acteurs du monde des chiens d’assistance. Les chiens pour l'autisme sont encore trop souvent considérés comme chiens d’éveil par les professionnels du secteur et l’association a à cœur de faire changer le regard sur ces chiens ! Ils peuvent tant apporter aux personnes autistes, c’est dommage de les limiter au seul soutien émotionnel. Alors tous ensemble, faisons changer le regard des gens sur ces toutous !"

“Je m’appelle Angie, j’ai 24 ans. Je suis autiste, avec une maladie chronique non-identifiée, dyslexique, dyspraxique, un trouble anxieux généralisé et un PTSD. A cause tout cela, j’ai beaucoup de problèmes d’hypersensibilité aux bruits, et au toucher, je suis sujette aux meltdowns [type de crise autistique, ndlr], je peux être violente envers moi-même, j’ai des besoins de routine importants, et ai des difficultés de fonction exécutive et pour l’autonomie, ajouté à une angoisse importante qui me pourrit la vie. Et j’ai des difficultés de communication et de sociabilisation. J’apprends à poser mes limites pour tenter de réduire les crises et l’angoisse. J’utilise des tableaux pour lister mes emplois du temps, un casque anti-bruit et une couverture lestée pour les problèmes sensoriels et de crise. Et c’est à peu près tout, ce qui n’est pas suffisant pour bien gérer le reste. Je songe à adopter un chien d’assistance depuis que j’ai fait l’expérience de vivre seule pour la première fois. Et que j’ai vu l’étendue de mes difficultés à être autonome. Mais aussi en raison de l’angoisse trop importante me rendant malade, dont je cherche une solution depuis très longtemps. Avoir un chien d’assistance pourra m’aider à gagner en autonomie. Cela pourra me sécuriser si je me retrouve à faire une crise violente, réduire l’anxiété et me permettre de sortir davantage et mieux de chez moi, bref, gagner en autonomie en général. Je me questionne encore sur ce projet : j’ignore où je vais me retrouver à vivre et si l’endroit peut accueillir un chien dans de bonnes conditions. Est-ce que j’aurai les capacités de former le chien moi-même avec l’aide d’un éducateur ? Et si ma situation change d’un coup, comment je fais si la situation n’est plus appropriée pour le chien ?”

“Cela fait maintenant 20 mois que mon chien Largo m’accompagne. Beaucoup de personnes qui me connaissent seront surprises d’apprendre que Largo est aussi un chien d’assistance pour l’autisme. En effet, je parle rarement de ce diagnostic, de peur de recevoir un "Mais tu n’as pas l’air autiste" ou "Mais tu es sûre que tu es autiste ?" en retour. Ces commentaires ne sont généralement pas mal intentionnés, mais ils peuvent me faire très mal et me donner un grand sentiment de solitude et d’incompréhension. Pourtant, oui, en plus d’être un chien d’assistance d’aide à la mobilité et un chien d’alerte pour pallier les conséquences de mon traumatisme crânien d’il y a 6 ans, Largo est un chien pour adulte autiste. Au quotidien, cela signifie qu’il m’aide à gérer mes difficultés sensorielles. Cela peut-être en effectuant de la pressothérapie, en me guidant lorsque les lumières sont trop fortes et que je ne vois plus ce qui m’entoure ou en allant éteindre la lumière lorsque je n’arrive plus à bouger tellement mes sens sont à vif. Son gilet contient aussi mon kit de secours sensoriel et ma médication. Donc tant qu’il est avec moi, je sais que j’aurais ce qu’il faut en cas de besoin. Il m’apporte aussi de l’aide avec mes dysfonctions exécutives, comme le lever ou le coucher. Il va m’interrompre si je suis trop longtemps focalisée dans une activité, m’obligeant à prendre des pauses. Ces tâches peuvent sembler anecdotiques en comparaison au guidage ou à de l’alerte de crises. Pourtant elles peuvent faire la différence entre une journée gérable et un gouffre quotidien. Elles me redonnent de l’indépendance et donc de l’estime personnelle."